CHATILLON EN BAZOIS - NIEVRE 58

LE FLOTTAGE DES BOIS

Avant d'arriver au transport du bois à travers le moyen du "flottage", il faut se livrer à diverses opérations préalables. D'abord a lieu la coupe du bois qui se faisait durant l'hiver. Puis venaient l'acheminement et l'empilage du bois sur les ports, aux bords des rivières et des ruisseaux "flottables". L'empilement des bûches s'effectuait de manière très réglementé, par lots de trois mètres de haut et d'une longueur correspondant à un multiple de trois bûches. Ce travail s'effectuait au cours de l'été. Enfin avait lieu le martelage , c'est-à-dire l'application de la marque de chaque marchand de bois aux deux extrémités des bûches qui lui appartenaient afin de les identifier plus tard.
Venait ensuite le transport des bûches. Les bois accumulés sur les 22 ports de jetage du cours supérieur de l'Yonne sont jetés simultanément à l'eau. C'est le grand flot, une véritable mer de bois qui est emportée vers Clamecy.
En Morvan, l'industrie du flottage des bois se pratiquait de deux façons.

  • Le flottage à bûches perdues sur les rivières du Haut Morvan. Ceci consistait à lancer les bûches à l'eau et à les abandonner ensuite au courant. L'invention de ce genre de transport, si facile et si économique, est due à Jean Rouvet qui imagina, en 1549, de jeter ainsi les bûches dans la rivière la Cure, en Bas-Morvan.
    Arrivées au port de Clamecy, les bûches étaient sorties rapidement de l'eau à l'aide de crocs et de picots, puis chargées sur des brouettes : c'est le tirage du bois.
  • Le flottage par trains à partir de Clamecy jusqu'à Paris. On liait ensemble, au moyen de "rouettes" (liens de branchages souples) de longues perches avec lesquelles on formait des espèces de radeaux d'environ 75 mètres de long et 4.5 mètres de large, sur lequel le bois était déposé : c'est ce que l'on appelait "train". Un train de bois correspondait à environ 200 stères. Six personnes étaient nécessaires à la confection d'un telle structure. Lorsque 50 à 100 trains étaient prêts, un départ vers Paris pouvait avoir lieu. Chaque train était conduit par deux hommes : le conducteur principal, "le compagnon de rivière", qui avait dirigé sa construction. Une petite hutte aménagée sur ce radeau leur permettait de s'abriter. A une vitesse de 20 km par jour, il fallait 11 jours pour arriver aux portes de Paris.
    En 1804, année record, 3535 trains de bois sont partis de Clamecy et des ports alentour.

    A partir de 1880, les bateaux remplacèrent les trains de bois et le flottage s'éteignit définitivement en 1923.

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